Quels sont les effets du manque de sommeil sur le système nerveux ?

Les conséquences du manque de sommeil sur les fonctions cérébrales et neurologiques

Le manque de sommeil correspond à un sommeil insuffisant ou/et de mauvaise qualité, qui peut être dû à de nombreuses causes : environnement de sommeil inadéquat, stress, mauvaises habitudes, etc.

Si les conséquences d’une nuit un peu trop courte sont immédiates mais passagères (fatigue, difficulté à se concentrer, baisse de vigilance), celles d’un manque de sommeil chronique sont beaucoup plus problématiques.

Quel impact sur les performances cérébrales ?

Les phases de sommeil permettent au cerveau de se développer, et de ralentir son vieillissement. En état de privation de sommeil, l’activité cellulaire cérébrale ralentit : concrètement, vous avez du mal à réfléchir et à vous concentrer. Les épisodes de perte d’attention en journée, voire de somnolence, se multiplient, la vitesse de réaction et la vigilance diminuent, la capacité à prendre des décisions également.

Le sommeil favorise le renforcement des connexions nerveuses responsables de la mémoire. Dormir améliore les capacités d’apprentissage, l’intégration de nouvelles informations et le classement des souvenirs.

Quel effet sur la santé mentale ?

Une durée de sommeil insuffisante a des conséquences concrètes sur l’humeur.

Les connexions entre le lobe frontal et l’amygdale du cerveau s’affaiblissent lorsque l’on n’a pas suffisamment dormi. Résultat ? Les émotions négatives (peur, anxiété, colère, agressivité…) s’amplifient et deviennent plus instables.

C’est également pendant le sommeil que l’amygdale sécrète la sérotonine et les endorphines, les hormones du bien-être. Si vous n’avez pas assez dormi, votre niveau d’adrénaline et de cortisol, hormones du stress, sera plus important.

A long terme, le manque de sommeil peut ainsi augmenter le risque de développer des troubles dépressifs.

Les effets du manque de sommeil chez les enfants et les adolescents

Chez les jeunes, l’impact du manque de sommeil est encore plus problématique, notamment sur leurs fonctions neurologiques :

• Des chercheurs de l’Inserm ont ainsi constaté une diminution du volume de matière grise sur le cerveau des adolescents qui ne dorment pas assez (moins de 7 heures par nuit), ou qui se couchent trop tard.

• Les zones du cerveau concernées (le cortex frontal, le cortex cingulaire antérieur et le précuneus) sont mobilisées pour réaliser des tâches simultanées, se concentrer, et réussir à fixer son attention sur quelque chose.

Ainsi, la réussite scolaire, la santé et la sécurité des adolescents sont directement impactées par le manque de sommeil.

Chez les enfants plus jeunes, même constat : le sommeil est crucial à la consolidation des apprentissages. S’ils ne dorment pas assez, leurs facultés de mémorisation et leur capacité à enregistrer les informations reçues pendant la journée seront mises à mal.

Que se passe-t-il dans notre cerveau quand on dort ?

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, sommeil ne rime pas avec passivité ! Pendant que l’on dort, le cerveau reste très actif puisqu’il travaille au bon fonctionnement de l’organisme :

• Durant les phases de sommeil profond, le cerveau élimine les déchets cellulaires produits par l’activité neuronale, grâce à l’activation et la désactivation des neurones par phénomène de vagues. Cette tâche de fond est essentielle pour éviter une accumulation de protéines toxiques pouvant conduire au développement de pathologies neurodégénératives (la maladie d’Alzheimer par exemple). Le sommeil a un vrai rôle de « purification » du système nerveux central.

• C’est aussi pendant le sommeil profond que le cerveau fait son travail de tri des informations emmagasinées toute la journée. Des milliers d’informations étant traitées chaque jour par le cerveau, son travail nocturne permet de consolider celles à mémoriser et d’archiver les autres, pour éviter la saturation.

Le cerveau est également le chef d’orchestre des différentes phases du sommeil :

• Pendant la phase de sommeil lent, les ondes cérébrales ralentissent, provoquant un relâchement des muscles et des yeux et la diminution du rythme cardiaque, de la pression artérielle et de la température du corps.

• Pendant la phase de sommeil paradoxal en revanche, celle où l’on rêve, l’activité cérébrale s’intensifie. Les neurones sont quasiment aussi actifs que lorsque l’on est éveillé ! Pour autant, les muscles du corps restent paralysés, excepté ceux permettant de respirer. Le rythme cardiaque, la pression artérielle et la température corporelle sont plus variables qu’en phase de sommeil profond.

Dormir suffisamment : une habitude incontournable pour être en bonne santé

Outre ses effets délétères sur le système nerveux, le manque de sommeil a bien d’autres conséquences négatives sur l’organisme.

Affaiblissement du système immunitaire

Le sommeil perturbé entraîne un dysfonctionnement des cellules immunitaires de notre organisme. Cela provoque :

• Une diminution du nombre et de la qualité des globules blancs, qui combattent les virus et autres infections.

• Une diminution des lymphocytes, responsables de la production des anticorps.

La conséquence concrète est la suivante : le système immunitaire est moins bien armé contre les maladies. Le risque est de tomber malade plus souvent et de le rester plus longtemps.

Augmentation du risque de maladies cardiovasculaires

Une perturbation des cycles de sommeil a un impact direct sur les pulsations cardiaques, la pression artérielle, et le flux sanguin en direction du cœur : le système cardiovasculaire est obligé de faire plus d’efforts.

Un manque de sommeil chronique favorise ainsi l’augmentation de la tension artérielle, les troubles du rythme cardiaque et l’apparition de maladies coronariennes. Il augmente également le risque de crise cardiaque et d’AVC.

Augmentation du risque de diabète

Le manque de sommeil a un double effet sur les hormones régulatrices de l’appétit :

• La production de la ghréline, l’hormone liée à la sensation de faim, est stimulée.

• La production de la leptine, l’hormone de la satiété, est réduite.

Vous avez donc plus faim, et le risque de prise de poids augmente. Mais ce n’est pas tout : le manque de sommeil perturbe également le métabolisme du glucose, ce qui peut conduire à un diabète de type 2.

A noter : pendant le sommeil, le cerveau produit des hormones de croissance qui permettent aux fibres musculaires de se renouveler ou de se développer. Le renouvellement des cellules enclenché par le cerveau concerne aussi les cellules de la peau : bien dormir permet donc de réduire l’apparition de cernes, la dégradation du teint, et même le développement de l’acné !